presque chaque jour. chercher le silence, l'apaisement. marcher vite, s'arrêter, ressentir, suivre le tracé qui m'appelle. pétrir les sentiers inconnus. regarder et comprendre. courbes, fentes, vasques, crêtes, chutes, assouplies et tendues. trouver l'essence de la forme. le fond d'un vallon sourd et mat. enlacée de souvenirs. muse endormie les hanches du massif se drapent face à mes pierres sèches et tâchées. roses, violettes, noires, rouges, vertes, rongées de soleil et de lichen, absurdes et lunaires. chercher les chemins géologiques, des flans de falaises, tourner autour de chacune, connaître leur ventres et cols. élucider le corps qui me berce depuis toujours, qui me souffle et me retient. forrer cette terre de mes yeux, percer l'attraction pour en trouver la source. ce territoire s'est dénudé sous mes pieds
ces images infusées ont parcourues mes mains, cherchées leurs formes. le mime dans le crayon. on ne saura pas faire plus beau que ça, tout est raconté là dans ces harmonies veloutées. chaque matière est nouée par sa voisine. le rouge enlise les bleus. imiter? rien ne pourra égaler cette lumière absorbée. il n'y a pas de copies valables. capturer leurs traces, inventorier leurs gammes, répertorier les lignes. non pas la représenter. il n'y a pas de réplique des ondulations du soleil sur les pins joyeux, encore moins des courbes du vent mélées au fouillis des bruyères. comment vous le transmettre? vous faire caresser l'étendue sensible de cet espace?
archives, brouillons, tessons, encres, photos, bols, on se replonge dans ce que l'on a dit et fait. le regard ressuscité par l'errance. les gestes s'alignent, touche par touche, l'évocation est déjà en puissance dans mes mouvements. erosion, filtration, décantation, polissage, répétition, saturation, douceur et rugosité. inconsciemment, séparément, le sublime de l'endroit est en suspension dans mes productions. comme si à mon insu chaque bol était la recherche d'un signe de cette terre qui me soutient. pierres, pièces, dessins, tracés, les reflets s'accumulent faisant miroiter cette totalité. aujour'hui, ici donc loin, ces bribes réunies s'accordent, et j'entends à nouveau le murmure de son souffle.